Jusqu'à ce que la bôme tombe sur le pont, tout allait pour le mieux.
Et puis, un passe-coque a lâché, entraînant une voie d’eau que la pompe de cale grillée ne pouvait pas étaler, les batteries noyées, plus de communication, (plus de frigo, donc plus de bière fraîche) plus d’instruments, moteur inopérant, coussins flottants dans le carré, cartes mouillées, et la chute du génois qui commençait à se déchirer, inexorablement.
Dans notre Sud, une trombe effrayante se détachait sur de vilains nuages noirs, fonçant droit vers nous comme la misère sur le monde.
Les visages pâles, effrayés, des équipiers, les paquets de mer incessants, les furieuses embardées, le tourbillon des goélands.
Dans le sillage, nous ne pouvions plus compter les ailerons des grands blancs avides et menaçants qui nous pourchassaient.
C’est alors que sans crier gare, remontées des abysses, les krakens nous sont soudainement tombés dessus, et sous l’assaut de leurs énormes tentacules, le mât finit par s’effondrer, défonçant le roof et le bordé sur babord. En travers des lames, plus moyen de manoeuvrer, plus moyen de lutter.
Et puis finalement, je me suis réveillé et suis allé me faire un café.
Si sans savoir ni pourquoi ni jusqu’où ni pour combien de temps, on peut faire de grandes et belles choses surprenantes et qu’on avait pas prévues.
Et que pour une raison précise en un lieu identifié sur une durée fixée, on peut générer des choses au mieux décevantes, au pire, catastrophiques, voire apocalyptiques.
Alors rien ne sert de prévoir, mieux vaut ne rien savoir et foncer droit dedans.